Alors que la transition écologique transforme profondément le secteur du transport, le ferroviaire s’impose comme une alternative stratégique et responsable, notamment pour la gestion des déchets.

Dans cette interview, David Secquepee, Key Account Manager chez Forwardis, partage son expérience et son regard d’expert sur les atouts, les défis et les perspectives du transport de déchets par voie ferroviaire

 

INTERVIEW

David Secquepee – Key Account Manager. 

 

"il faut gérer les nuisances locales autour des gares ou sites de chargement, et composer avec les aléas climatiques (fortes chaleurs, neige)"

 

1/ Peux-tu nous expliquer en quelques mots ton rôle et ton expertise dans le transport de déchets par voie ferroviaire ?

 

Le transport ferroviaire de déchets, c’est un domaine qui demande une vraie polyvalence : à la fois technique, réglementaire et organisationnelle.
Concrètement, mon rôle est d’imaginer et de mettre en place des acheminements sûrs et efficaces depuis les sites de production ou de regroupement jusqu’aux centres de traitement et de valorisation. Mais pas seulement : il s’agit aussi de proposer une alternative durable, qui réduit les émissions de CO₂ et limite les externalités négatives, tout en offrant une solution logistique complète de type door-to-door.

Cela suppose plusieurs expertises :

  • Réglementaire, avec la maîtrise des normes RID/ADR pour les déchets dangereux, le code de l’environnement et toutes les obligations de traçabilité.
  • Technique, avec le choix du matériel adapté (wagons, UTI), la maîtrise des procédures de chargement/déchargement et la coordination entre tous les acteurs.
  • Environnementale, en intégrant la réduction de l’empreinte carbone et en rédigeant les bilans carbones

 

2/ Quels sont, selon toi, les principaux atouts du ferroviaire pour le transport de déchets par rapport à la route ?

 

  • La capacité: un train peut transporter l’équivalent de 40 à 60 camions, ce qui permet d’absorber de très grands flux à destination des centres de valorisation.
  • La performance environnementale: les émissions sont environ neuf fois inférieures à celles du transport routier. C’est une vraie logique d’économie circulaire et de transition énergétique.
  • La sécurité et la fiabilité: avec un transport encadré par le RID, les risques d’accident sont nettement réduits.
  • L’efficacité logistique: le ferroviaire massifie les flux, garantit un acheminement régulier et planifié, et s’intègre parfaitement dans des chaînes multimodales.
  • Les économies d’échelle: dès que les volumes et les distances sont importants, le rail réduit les coûts externes.

 

3 / Quelles sont les contraintes ou défis que tu rencontres au quotidien dans ce type de transport ?

 

Évidemment, le ferroviaire n’est pas sans contraintes.

  • Techniques et opérationnelles: certains sites ne sont pas raccordés au rail, ce qui impose du camion pour le premier/dernier kilomètre. Il y a aussi la question de la disponibilité des sillons, le manque de flexibilité par rapport à la route et des opérations de manutention spécialisées.
  • Réglementaires et sécuritaires: les normes sont très strictes pour les déchets dangereux et les démarches administratives souvent lourdes.
  • Logistiques et économiques: les temps de transit peuvent être plus longs selon les distances et les coûts fixes sont élevés.
  • Environnementales et sociales: il faut gérer les nuisances locales autour des gares ou sites de chargement, et composer avec les aléas climatiques (fortes chaleurs, neige).

 

4/. As-tu un exemple concret ou un projet dont tu es particulièrement fier, qui illustre l’efficacité du ferroviaire dans la gestion des déchets ?

 

Un exemple qui illustre parfaitement l’efficacité du ferroviaire, c’est le transfert des déchets ménagers du Syndicat Mixte du Département de l’Oise (SMDO).
Forwardis en est aux commandes depuis 20 ans : une logistique ferroviaire pérenne, à l’échelle d’un département entier.

Pour ce marché, nous avons assuré :

  • La fourniture du matériel roulant spécifique, avec sa gestion et son entretien.
  • La fourniture de la traction ferroviaire.
  • La coordination et le suivi des dessertes entre les quais de transfert et le Centre de Valorisation Énergétique.
  • L’accompagnement et le conseil pour la création de nouveaux quais de transfert.
  • Et même un service de substitution routière en cas d’aléas ferroviaires.

C’est un projet dont je suis particulièrement fier, car il illustre la force du rail dans la durée.

 

4/ Comment vois-tu évoluer le transport de déchets par rail dans les années à venir, notamment en lien avec les enjeux environnementaux ?

 

Quand je pense à l’avenir, je vois un ferroviaire renforcé par plusieurs tendances :

  • Les enjeux environnementaux: décarbonation, objectifs climatiques européens, augmentation des volumes de déchets à recycler et valoriser.
  • La modernisation technologique: digitalisation avec un suivi en temps réel des flux, développement de matériel roulant spécialisé, montée en puissance des solutions multimodales grâce à de nouveaux hubs logistiques.

Mais pour que cela fonctionne, il faudra :

  • Des investissements dans les infrastructures.
  • Une amélioration de la flexibilité du système.
  • Et des politiques publiques vraiment incitatives.